Au bois dormant _ C. Féret-Fleury
La petite fille de la photo ne vieillirait plus, pour toujours figée dans cet instant parfait de pure gourmandise. Parfois, en la regardant, Ariane sentait des larmes lui piquer les yeux ; la vie devrait être ainsi, pensait-elle. Joyeuse, insouciante, pas rétrécie, ouatée, silencieuse.
Si la colère avait un goût, [...] la médiocrité avait une odeur. L’absence d’espoir, aussi. Reconnaissable entre toutes. Lourde. Poisseuse. Un jour, elle vous enveloppait et ne vous lâchait plus. Et tout était fini. Cette saleté sortait de chaque pore de votre peau, imprégnait vos vêtements, vous marquait à jamais.
La Belle au bois dormant. Ariane n’avait jamais aimé cette histoire entendue à l’école – chez elle, on ne la lui avait jamais racontée, elle comprenait pourquoi, à présent. La Belle était une cruche.
Je regrette de ne pas lire l’allemand. Je suis sûre qu’il y a des finesses de traduction qui m’échappent et qui compliquent tout…