Que ta volonté soit faite _ Maxime Chattam

Résumé :

« Les enfants de toute l’Amérique avaient le Croquemitaine pour se raconter des histoires qui font peur, à Carson Mills, ils avaient Jon Petersen. »

Pour son vingtième roman, Maxime Chattam dresse le portrait d’une petite ville du Midwest américain des années 60 jusqu’au début des années 80, avec pour fil rouge l’évolution de Jon Petersen – pervers psychopathe – de son enfance jusqu’au point culminant de sa sinistre carrière criminelle.

Mon avis :

Ce livre possède une atmosphère vraiment très particulière. Excessivement dérangeante.
Cette petite ville poussiérieuse, avec son diner, son shériff humaniste sans arme, ses pasteurs méthodistes et luthériens, dégage quelque chose de beaucoup trop calme pour être totalement exempte de vice. Et le vice incarné, on le sait tout de suite, c'est Jon Petersen.
Dés ses 12 ans, on suit ce pervers psychopathe, tueur de fourmi, de chats, de chiens, équarisseur incestueux, violeur obsessionnel et ultra-violent.
A travers les yeux du narrateur, dont on ignore l'identité mais qui est totalement omniscient, et grâce à une écriture subtile et méthodique, on se laisse totalement pénétrer par l'aura malsaine que dégage Jon Petersen. Son lieu de vie, ses habitudes, ses pensées, tout en lui vous donne envie de le fuir, de ne pas le regarder, et plus que tout de le haïr.
Maxime Chattam ne nous épargne rien, avec un langage cru et brut, il nous balance toute la noirceur de son roman à la figure. La première scène est quasi insoutenable d'ailleurs!
L'intrigue ne constitue pas une enquête policère à proprement parler, c'est plus une série d'évènements qui s'étalent sur une petite trentaine d'année. A chaque nouvel évènement le shériff piétine et Jon n'est pas inquiété. Le suspense réside plus dans l'attente du son prochain acte de violence, ou même de sa mort, que l'on souhaite ardemment dés le premier chapitre en fait.
On viendrait d'inventer le terme "thriller psychologique" pour ce roman-ci, que je n'en serai pas étonnée. C'est puissant, effrayant et en même temps affreusement addictif. Je n'ai pas pu me décrocher de ce récit, je l'ai lu en une journée. Mon monde entier s'est effacé.
La fin m'a laissé un peu perplexe, totalement déroutée. Bien sûr c'était le but. et c'était brillant!
Définitivement, ce livre mérite toutes les critiques élogieuses que j'ai pu lire à son sujet, et si vous en avez l'occasion, foncez!

Le Mal a besoin de vaisseaux vivants pour se transporter, dit-il, et je crois bien que notre Jon est de ceux-là. Il a été choisi. Je prie pour que le Malin ait quitté notre garçon en même temps que la violence s'écoulait hors de son âme.

Ingmarr

Nos vies sont ainsi constituées, n'est-ce pas? Une accumulation de petits interrupteurs qui s'enchaînent, l'un ouvert, le suivant fermé, et on est obligé de prendre une direction différente; ainsi nous propageons le courant de nos existences à coups de trajectoires sinusoïdales aux amplitudes plus ou moins larges, sans qu'aucun de nous sache réellement pourquoi tel ou tel interrupteur est allumé, ce sont simplement les aléas du quotidien, des rencontres, des actes manqués, des gestes, des oublis, des réussites et des échecs... Certains appellent cela le "destin", d'autres le "choix de Dieu", et quelques-uns ne se posent pas la question, ils se contentent de vivre.